Guerres

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Crise, guerre et dépolitisation
11 septembre 2001 : comme chaque jour dans le monde, 35 000 personnes – trente-cinq mille – sont mortes de faim. C’est d’abord cela le 11 septembre 2001, un jour qui ressemble tristement au 12 septembre, au 13, au 14… Mais tout le monde ne voit pas les choses sous cet angle. Certaines vies valent plus que d’autres. Ainsi, Madeleine Albright, à l’époque ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, alors qu’elle évoquait les 500 000 enfants irakiens morts du fait du blocus occidental, affirma qu’il s’agissait là « d’un choix très difficile » mais que « le prix en vaut la peine ». Un demi-million de personnes sacrifiées, à froid, sur l’autel d’une politique de domination mondiale !
Inde-Pakistan, guerre du XXIe Le conflit qui oppose l’Inde et le Pakistan à propos du Cachemire n’intéresse pas les médias occidentaux. Du moins tant que la situation n’aura pas dégénéré en une guerre ouverte… Et pourtant, les deux armées qui se font face regroupent au total plus de deux millions de militaires, et les deux pays abritent à eux seuls presque un milliard et deux cents millions d’habitants, soit près d’un cinquième de l’humanité. Mais on le sait depuis longtemps, les vies humaines n’ont pas partout le même prix. Quel est donc ce conflit secret bien que plus que cinquantenaire – la première guerre entre les deux pays date de 1947 ? Pourquoi reste-t-il curieusement dans l’ombre absolue ?
Commémorer pour oublier En régime républicain et démocratique, il se trouve toujours quelqu’un pour protester contre la banalisation du génocide. Hélas ! cela conduit parfois à des aberrations, telle l’interdiction en France de Mein Kampf. Loin de lutter contre la banalisation du génocide, loin de réprimer les tendances nazis de certains groupes ou individus, cette censure – imbécile comme toute censure – renforce au contraire le sentiment qu’Hitler était un chef vraiment différent, en rupture avec les bourgeoisies industrielles et affairistes. Il en serait même tellement différent que ces bourgeoisies au pouvoir interdisent aujourd’hui ses écrits, alors qu’il semble que Marx ne doive pas quitter de sitôt les rayons de nos librairies bien pensantes et bien vendantes. Marx aurait-il cessé d’être subversif ? Chaque jour qui passe nous démontre dramatiquement l’inverse.
Contre les casques bleus AU NOM DE QUOI L’OCCIDENT peut-il s’interposer, via les Casques bleus de l’ONU, dans les zones de conflits ? La réponse irait de soi : l’Occident peut et doit intervenir au nom de l’ordre et de la morale, pour mettre fin aux guerres civiles, aux massacres, au trafic de drogue, ou encore aux occupations de territoires par des nations belliqueuses. Pourtant, qu’elle invoque le droit international, les Droits de l’homme ou le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’ONU ne peut légitimer ses interventions militaires qu’en mentant sur leur nature.
Mots de septembre Les attentats contre New York et Washington, s’ils ont provoqué un désarroi bien légitime partout dans le monde et si l’on ne peut voir les milliers de victimes, en particulier des travailleurs, sans éprouver compassion et indignation, il n’en demeure pas moins que ce tragique événement a donné lieu, de la part des politiques et des médias, unis dans une belle complicité, à une campagne d’opinion sans précédent, pire que celles qui accompagnèrent la guerre du Golfe et l’agression de l’OTAN contre les Balkans, visant à créer, au moyen de manipulations, de mensonges et d’intimidation émotionnelle, une véritable psychose destinée à mettre en place, aussi bien dans les pays du Sud que dans les métropoles « occidentales », les procédures de flicage renforcé indispensables au maintien de l’ordre mondial dominant menacé.
Logique de Guerre Si nous republions aujourd’hui ce texte, alors qu’il a été écrit avant la guerre du golfe, c’est qu’il nous semble toujours actuel. Il contient cependant une erreur manifeste d’analyse : la guerre du Golfe n’a pas dégénéré en guerre mondiale, non pas qu’un nombre significatif de pays n’y ait pas participé, et des cinq continents. Mais, en face, l’Irak est resté isolé. Le conflit, en somme, s’est étendu dans le sens pro-américain (de l’Argentine au Japon, de l’Australie à la Tchécoslovaquie), mais pas en sens inverse. On ne peut donc pas parler, comme dans la Logique de guerre, de Troisième Guerre mondiale. Cette erreur d’appréciation est d’ailleurs largement à l’origine de l’inefficacité de notre travail à ce moment-là, puisque nous avions privilégié la propagande sur le long terme, alors que c’était d’actions spectaculaires et très signifiantes dont nous avions besoin.